La dernière traque by Georges-Patrick Gleize

Auteur:Georges-Patrick, Gleize [Georges-Patrick, Gleize]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Calmann Lévy
Publié: 2023-08-17T09:23:35+00:00

De par son métier de technicien au service des eaux, Xavier connaissait la Ville rose mieux que quiconque. Affecté au secteur centre-ville, aucune rue, aucune impasse, aucune ruelle n’avaient de secret pour lui. Habitué à rôder tantôt à vélo, tantôt avec la voiture du bureau pour les besoins du service, il connaissait chaque venelle, chaque raccourci, le moindre des passages entre les pâtés de maison. Par l’avenue de la Reynerie, la 307 coupa la rocade et piqua plein centre. Sans vouloir donner l’impression qu’il cherchait à s’échapper, Xavier Lacoste conduisait néanmoins à allure soutenue. Si par moments il ralentissait comme s’il voulait se laisser dépasser, par d’autres il accélérait aux limites de l’excès de vitesse. Un œil en permanence fixé sur le rétroviseur, il observait l’apparition périodique du museau blanc du gros véhicule. Visiblement, la BMW ne cherchait pas à le dépasser. Elle se tenait simplement à distance respectable mais accélérait et ne décrochait pas quand il faisait mine de vouloir la semer. De cette manière, il lui était impossible de voir le numéro de la plaque d’immatriculation, le nombre de passagers ou leur visage.

Empruntant le pont des Catalans, ils parvinrent sur les grands boulevards. La circulation, pour fluide qu’elle soit, y était néanmoins intense. Passé le carrefour d’Arnaud-Bernard, puis celui de Jeanne-d’Arc, il n’avait toujours pas réussi à semer la voiture blanche. Fort d’une parfaite connaissance du quartier, Xavier obliqua alors brutalement par la première rue à droite en direction du marché Victor-Hugo pour disparaître au regard de ses poursuivants dans le dédale des entrées du parking aérien. Il en ressortit discrètement, coupa le boulevard de Strasbourg pour pénétrer rue Denfert-Rochereau et traverser le quartier chaud afin de passer de l’autre côté du canal et atteindre ainsi le secteur de Marengo. Au terme de ce circuit échevelé, Xavier Lacoste constata qu’il n’y avait plus personne derrière lui. Il se détendit assez pour dire à Sandy :

— Je crois qu’on les a semés ce coup-ci…

— Alors, où va-t-on, maintenant ? demanda Sandy, à moitié rassurée.

— Je ne sais pas. Chez tes parents ?

— Ah non ! Pas question de leur faire prendre de risques !

— Quels risques ?

— Celui d’amener une bande de malfrats ou pire, de tueurs à la maison !

— L’essentiel, c’est de les avoir largués. Pour le reste, il faut juste trouver un coin pour se poser quelques jours…

— La semaine tout au plus ! Tu sais que je n’ai droit qu’à trois jours de congé pour évènement familial grave en plus de mes deux jours pour convenances personnelles.

— Ça devrait suffire pour se faire oublier.

— À condition encore de savoir pourquoi on nous en veut, soupira la jeune femme.

— C’est probablement lié à cet ordinateur. Il y avait sûrement quelque chose dedans, un fichier caché ou un truc qu’on ne doit pas voir ou découvrir. Dans l’état qui est le sien maintenant, bien malin qui pourrait le dire !

— Je t’avais bien dit qu’il ne fallait pas le ramener à la maison. Mais maintenant qu’ils l’ont trouvé, ils devraient nous ficher la paix.

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